12décembre 2010. 21h04
Mais non, au lieu de ça je suis la chez moi je zappe, et le comble c'est que je n'arrive même pas à pleurer parce que je ne sais pas, je ne comprends pas ou plutôt je ne veux pas comprendre ce qui se passe entre nous. Je ne veux pas comprendre que je n'aurais pas de nouvelles, pas d'appels, que peut être il n'aime plus sa doudou, et qu'au final être un homme heureux pour lui, veut dire suivre son chemin sans moi à ses côtés.
Sans savoir pourquoi ni comment, Je décide de réagir, d'arrêter de guetter ce téléphone, de sursauter à chaque fois que l'écran s'allume. Je me lève, passe sous la douche. Ensuite, je pars en direction de ma chambre avec juste une serviette nouée autour de la poitrine, je cherche des fringues, des vieilles fringues, des vieux trucs qui n'ont aucun sens, aucune signification, aucune odeur qui pourrait me rappeler ce nom que je vais m'en aller crier au fond des verres de vin. Je tire un pull posé sur l'étagère du haut et une boîte à chaussure me tombe dessus et s'ouvre par terre... Je ne baisse pas les yeux, je sais très bien ce qui vient de tomber. Je sais qu'en baissant les yeux je croiserai forcément tous ces souvenirs, tous nos souvenirs d'avant le Brésil, tous nos vrais moments de bonheur, quand on s'aimait sans retenue, sans la peur qu'un de nous deux tourne le dos à l'autre pour la dernière fois. Je respire un grand coup j'enfile un haut et un jean et là tout de suite il faut que je sorte prendre l'air. Je marche, les mains dans les poches de mon gilet, j'entends de la musique dans un bar je décide d'y rentrer me réchauffer un petit peu. Le serveur m'accueille avec un grand sourire et semble surpris quand je commande un verre de rosé. Il ne dit rien, mais me tend un verre. C'est à ce moment là, quand il me sourit avec beaucoup de tendresse et de compassion que ses yeux me marquent. Ils sont verts avec de grands cils ... Le même regard que Christophe. Les traits du visage du jeune homme disparaissent et des rides, une barbe, un sourire malicieux et des étoiles dans ses yeux apparaissent. C'est Christophe que je vois. Je sursaute et secoue la tête de gauche à droite. Le serveur réapparaît sous mes yeux, il paraît inquiet. Je ne dis rien, et baisse la tête. S'il vous plaît je voudrais juste un instant, oublier la mémoire de ses yeux qui me collent à la peau. Je bois mon verre de rosé d'un trait et en commande un autre. J'allais boire ce deuxième verre de la même façon que le premier, mais le serveur se dirige vers la chaine hifi et augmente le son. La chanson qui passe, je ne la connais pas. Je fronce les sourcils et le jeune homme me sourit.
Serveur : Jean-Louis Aubert. Je suis fan !
Chanson.
Tu connaîtras des chagrins sans raison
Tu croiseras aussi la trahison
Tu entendras leur parole à foison
Et parfois même jusqu'à la déraison
Et tu verras la bassesse, l'impudeur
Tu connaîtras aussi l'agression
Et tu verras des micros tendus
Vers des femmes et des enfants nus
Puisses-tu vivre, continuer
Puisses-tu aimer, continuer
Puisses-tu puiser, un peu d'eau
Dans le puit, de tes nuits
Puisses-tu sourire, et même rire
Quand le pire est à venir
Puisses-tu aimer, sans sourciller
Simplement continuer
Tu connaîtras les chagrins à foison
Et les douleurs que tout l'monde partage
Tu entendras des demandes et des pleurs
Et parfois ça frisera la déraison
Et tu verras tous ces mondes inconnus
Que tu s'ras sûr d'avoir déjà vu
Tu gouteras les fruits de la passion
Et le goût amer de la désillusion
Puisses-tu vivre
Puisses-tu aimer
Puisses-tu vivre
Continuer
Puisses tu puiser
Dans le puit
De tes nuits
Et rêver
Puisses-tu vivre, continuer
Sans sourciller et aimer
Qui tu es
Qui tu es
Qui tu es
Qui tu es
Puisses-tu aimer,
Qui tu es
J'ai à nouveau besoin d'air et rapidement, je règle les verres et n'entends pas le jeune serveur m'appeler. Je fuis vers la sortie à fin de ne pas entendre une seule note, un seul mot de plus. Je me retrouve dans la rue, dans le froid de décembre. Je glisse mes mains dans mes poches, et sens mon téléphone vibrer pile à ce moment là. Mon coeur fait un bond, et quand je lis le nom qui s'affiche, j'ai l'impression qu'il s'arrête pour une fraction de seconde. J'inspire profondément et répond d'une voix claire.
Christophe : Julie ?
Moi : Oui
Christophe : J'ai tout merdé ...
Moi : Pardon ?
Christophe : J'ai tout merdé je te dis, le DVD tout est foutu !! J'y arrive pas c'est impossible !
Moi : Pourquoi tu dis ça ?
Christophe : Parce que je peux pas, je n'y arrive pas, je suis stressé. Je n'arrive pas à relâcher la pression. Je suis complètement contracté et on dirait un pantin qui chante coincé dans ses chansons, j'ai l'impression de plus assumer ce que je chante. J'ai l'impression de manquer d'air.
Moi : Mais non voyons ne dis pas ça !! Christophe, ces chanson c'est toi qui les a composé. Ces chanson c'est toi, oublie les caméras, et observe tous ces visages familiers au bord de la scène. Elles sont venues j'en suis sur, je sais qu'elles sont toutes là.
Christophe : Non, pas toutes, il me manque toi, rejoint-moi.
Mon coeur se serre j'ai l'impression de manquer d'air, mon coeur m'hurle de prendre le premier train, mais ma tête me dit que c'est trop simple.
Moi : Christophe, c'est trop facile. Quand tu me veux je suis là, quand tu ne me veux pas je dois disparaître m'effacer, te laisser en paix. Je sais que je t'ai déjà fait du mal, je sais que rien n'effacera ce que tu as ressenti dans ces moments là et croit moi j'en ai conscience, mais simplement je ne peux pas. Et si tu n'avais rien foiré ? Et si tout s'était bien passé ? Si tu n'avais pas flippé ? M'aurais tu appelé ? Elle est là la vraie question.
Christophe : Mais bien sur !
Moi : C'est toujours plus simple de dire les choses après Christophe, mais tu voulais de moi à Monaco aussi souviens toi... et puis finalement, quand je suis arrivée, l'envie s'en était allé.
Christophe : Ca n'a rien à voir.
Moi : Parle moi alors Christophe, explique moi, dit moi les choses telles que toi tu les vies. C'est moi, tu sais que tu peux me parler.
Christophe : Pas par téléphone ...
Moi : Mais bon sang c'est tellement simple ce que tu fais là...
Christophe : Je sais que quand j'ai la sensation de me noyer, toi, tu es toujours là pour me sauver.
Moi : C'est loin d'être suffisant Christophe.
Je décroche mon oreille du téléphone et coupe l'appel sans attendre sa réponse. Je décide de rentrer chez moi. Je traverse l'appartement silencieux sans même allumer la lumière. Je saute toute habillée sur mon lit. En espérant que le sommeil m'emporte... Je retourne dans tous les sens notre conversation téléphonique. Il croit encore pouvoir me dicter ce que je dois faire, il croit qu'il me dirige ... mais d'un côté il a besoin de moi il me l'a dit. Ce point me rassure, et je me concentre là dessus pour m'apaiser et aller mieux... enfin c'est ce que j'essaie de me dire.
13 décembre 2010. 10h58.
A la sortie de la douche, je me prépare et mon voisin vient me perturber. Il sonne à la porte, juste pour me demander du sel. Après ça, je passe ma journée à traîner et à faire autre chose, histoire de m'occuper un peu l'esprit.
Vers 17heures je commence à tourner en rond. Je me demande bien où est passé mon téléphone d'ailleurs. Je n'ai pas souvenir de l'avoir touché depuis ce matin. Je retourne dans ma chambre et j'en profite au passage pour ranger un peu en prenant soin de toujours éviter la boîte ouverte sur le sol. Je tire sur la couette pour faire mon lit et un bruit sourd résonne dans la chambre. A mes pieds, mon portable vient de glisser du lit. Je me penche pour le récupérer.
Moi : Jo ? Tu m'a appelé ?
Joseph : Putain pas qu'une fois Julie !
Moi : Oui j'ai vu ça mais j'avais pas mon téléphone sur moi !
Joseph : Bon écoute, franchement je sais que ce qu'a fait Christophe ces derniers jours ça a pas été simple, mais là vraiment il a besoin de toi, plus que jamais.
Moi : Jo, tu sais bien qu'en temps normal j'aurais été la mais tu l'as vu comme moi l'autre fois, il ne veut pas me voir. Je vais pas venir en Belgique pour au final me retrouver sur le carreau comme à Monaco !
Joseph : Julie... Tu me crois ? Tu as confiance en moi ?
Moi : Oui, bien sur ...
Joseph : Alors vient ! Parce que là, personne, et je dis bien personne ne peut le relever à part toi.
Moi : Mais il a juste besoin que tu le déstresses et ça ira très bien.
Merwan : (hurlant) Mais tu n'as donc rien compris.
Moi : Merwan gueule pas je t'entends.
Merwan : Pardon ! Bref je te disais que tu n'avais rien compris ! Hier il a tout foiré certes c'est ce qui l'a poussé à t'appeler, mais la chose qui le contrarie le plus à l'instant présent c'est l'idée de t'avoir perdu définitivement. Alors maintenant fait nous confiance, croit nous quand on te dit qu'il faut que tu viennes et que vraiment, vraiment ... il à besoin de toi !
Moi : Merwan, Non ! C'est trop simple, il a besoin de moi je cours, il ne veut plus de moi je m'éclipse. Est ce que lui, il est là quand moi j'ai besoin de lui ? Non ! Et puis La vie de couple c'est pas ça ! La vie de couple c'est être en haut comme en bas mais main dans la main.
Je raccroche et part vers le salon, sur le passage je me prends le pied dans la boîte et tombe à terre. Là, sous mes yeux, la boîte ouverte me donne un électrochoc. Je tombe nez à nez avec ces dernières années de ma vie, de nos vies, nos photos, ses petits mots, une vieille rose séchée, nos sourires ... Je soupire parce que je sais qu'il a gagné, en effet, il ne m'en faut pas plus pour faire ma valise, et partir avec le premier train.
13 décembre. 20h35. Bruxelles-Belgique
?? : Julie ?
Moi : Oui ?
?? : Entrez
Moi : Pardon ? vous êtes ?
?? : Momo nous avait fait une description « au cas où » ...
Moi : Merci monsieur vraiment merci.
?? : Bon courage parce que c'est la panique là dedans.
Je m'avance de quelques pas. Christophe me tourne le dos. Joseph face à lui, le tient par les épaules et à son visage en face du sien. Il lui parle à deux centimètres de lui, comme s'il voulait que chaque mot prononcé ait un impact plus fort. Pourtant, j'ai l'impression que Christophe n'entend rien. Il ne remarque même pas tous ces gens autour de lui. Il a l'air mal. Sur mon passage, j'évite les gens mais ne m'arrête pas. Je n'ai qu'un objectif, lui. Il n'est plus qu'à quelques pas. J'attrape sa main et instinctivement, en même temps qu'il tourne la tête il lie nos doigts. Je me plonge dans ses bras. Il me sert tellement fort. Je passe ma main dans sa nuque et joue avec mes doigts. Je répète notre rituel comme si jamais nous ne nous étions séparés, comme si jamais nous avions vécus ces instants à Monaco ... Peut-être une envie que la vie reprenne son cours.
D'habitude, pour notre rituel, Christophe ne me tient que d'une main, tenant le chapeau dans l'autre. Cette fois le chapeau est par terre, et ses mains m'encerclent. Il s'est réfugié dans mon cou. Et je sens chacun de ses muscles se détendre un à un comme si la pression sur ses épaules venait de s'envoler en un battement de cil. A cette instant je me mets à pleurer sans ne plus rien pouvoir contrôler. Christophe me sert encore plus fort, nos bassins sont l'un contre l'autre et j'ai l'impression que nos deux êtres ne font plus qu'un. Je ne comprends pas tout ce qui se passe autour. Ce n'est que brouhaha et des ombres qui circulent à nos côtés. Il me semble que chacun reprend son poste. Les vendeurs repartent à leur stands, les vigiles devant la scène, Momo à l'entrée de la scène, les amis dans les gradins ... Il ne reste plus que Christophe et Moi. Je glisse mon visage prêt de son oreille, et dans un murmure, je lui souffle ces quelques mots.
Moi : Puisses-tu sourire, et même rire, quand le pire est à venir. Puisses-tu aimer, sans sourciller, simplement continuer...
Les mains de Christophe monte dans ma nuque mais sans jamais se détacher de mon corps. Elles glissent comme s'il était incapable de pouvoir se défaire de cette étreinte. Il tient ma tête et pose son front contre le mien. Il ferme les yeux et je tiens ses poignets. Quand il ouvre ses yeux, je retrouve ce regard et ses yeux verts dont j'ai essayé de me défaire pendant ces trois jours. Ses yeux sont remplis de larmes. Il respire fort. Et comme pour ne pas sombrer, pour ne pas pleurer il m'embrasse avec une passion et une fougue que je ne connaissais pas. Il arrive encore à m'étonner et me surprendre. Je suis incapable de bouger mais il me chuchote un Je t'aime qui vaut dix milles autres mots. Il s'en va à reculons, sans jamais lâcher ma main. Il garde le contact physique et visuel le plus longtemps possible. Il décroche son regard du mien, une fois arrivé au bout du couloir. A partir de là, il me tourne le dos et s'en va. Il attrape le chapeau qu'un technicien lui donne et le pose sur sa tête. Il est prêt. Il va monter sur scène. Il va réussir son concert, il va enregistrer son dvd...
« On dit que dans un couple, il y en a toujours un qui aime plus que l'autre.
J'aurais préféré que ça ne soit pas moi. »
Fanny, Posté le samedi 06 août 2011 05:30
Me voila rentré de Belgique ;P .
Merci pour cette suite, je Kiiiffff !!!
Comme d'hab' quoi ! J'aime comment tu ecrit :D.
J'espère que la suite ne tardera pas trop,mais je te comprend, prend ton temps
Des Bisous <3